Après une quinzaine de jours à subir la grippe et d’autres problèmes de santé, j’ai quand même tenté une sortie photo aujourd’hui.
Toutes les photos que j’ai faites à l’hyperfocale sont floues. Si j’assume la responsabilité de ce ratage peu flatteur, cela reste aussi un vrai défaut du X100(S/T) que Fuji pourrait facilement régler–j’en ai déjà parlé.
En dehors de l’importance de vraiment penser à vérifier la distance de mise au point à chaque prise de vue, je peux retenir une autre leçon de cette sortie : faute de pratique, l’audace–on a le courage qu’on peut–de photographier des étrangers de près dans la rue disparait très vite, pour laisser la place à ma timidité habituelle.
Audace ou impolitesse ? Simple parti pris artistique ou pure agression ? Photographier des inconnus dans la rue, c’est quoi pour vous ? JS, évoque cette intéressante question dans ce commentaire.
En ce qui me concerne, c’est sans doute un peu de tout ça. En plus d’être un enregistrement de ce qui retient mon attention, et plutôt que de voir ça comme une agression, je persiste à penser que c’est aussi une façon de défendre quelque chose. Pas tant de me défendre moi contre tous les inconnus–même si je me sens à l’abri derrière l’appareil photo– qu’une certaine idée de l’image et des personnes derrières ces inconnu(e)s.
Défendre cette image-là, contre une image autrement plus envahissante et, à mon avis, bien moins respectueuse de la personne : l’image publicitaire–la flatterie, ce n’est pas du respect–et l’image policière : si certain(e)s râles d’être photographiés en pleine rue par un photographe, ils restent bien silencieux devant ces caméras de surveillance qui nous filment pourtant en permanence parce que n’importe lequel d’entre nous est potentiellement un criminel.
A cette logique du tous suspect (et du tous consommateurs), je préfère ma modeste photo qui ne témoigne que de mon intérêt pour ce qui se passe devantautour de moi.
Quelque chose comme ça. Parce que si je photographie d’abord pour me faire plaisir, il y aussi cette idée qu’une photo de quelqu’un, même floue parce que je me suis planté, est une façon de replacer cette personne-là au coeur de l’image non pas en tant que client à séduire, ni en tant que suspect de quoi que ce soit, mais en tant qu’occupant de cet espace public qui nous appartient, et où nous existons ensemble.
Bref, je crois que ma fièvre n’est pas encore complètement passée 😉