Au lieu de dormir ou de sortir en boîte — ça ne vous a jamais frappé, ça : sortir en boîte — ou de lire ou d’écrire, je passe cette nuit du samedi au dimanche à travailler sur la maquette du prochain ouvrage des éditions Dystopia (on en a déjà parlé et ici aussi).
Pourquoi je m’embête avec ça, un samedi soir ?
D’abord, parce que ça ne m’embête pas du tout. Même si c’est à peu près complètement par hasard que l’édition est devenue mon métier, j’ai toujours aimé ça : faire des livres. Je suis également conscient d’avoir une chance de dingue de vivre à une époque où le livre imprimé existe encore, je veux dire qu’il existe autrement que comme un objet de collection réservé à une niche d’amateurs.
Il y a quelque chose de réjouissant à savoir que ce volume trouvera sa place dans de nombreuses bibliothèques, entre les mains de bien des lecteurs. Qu’il vieillira, avec nous, à son rythme. Tout autre chose qu’un fichier numérique qui restera toujours pristine, diraient les anglophones : intact, neuf.
C’est à nouveau un recueil de nouvelles — qui s’en plaindrait ? — mais très différent du premier, puisqu’il s’agit de nouvelles d’horreur (ou du fantastique, je ne suis pas doué avec les étiquettes). De l’horreur à la sauce Lisa Tuttle, un auteur qui m’agace autant que je l’apprécie et dont je ne sais trop quoi penser : j’ai parfois le sentiment que ce que j’aime le plus dans ses textes ce sont ses fausses notes et sa capacité à les exploiter pour nous atteindre, ses personnages qui parfois ne sonnent pas juste, plantés dans des décors qui sont souvent au moins aussi importants que les acteurs. Une sorte de maladresse qui serait en réalité une ruse diabolique pour faire baisser sa garde au lecteur. Ou pas. Mais ça marche. Elle réussit parfois à me retourner, en ayant pourtant l’air de ne rien faire que bavarder. Ce que j’aime bien aussi chez elle, c’est qu’elle réussit à utiliser des poncifs, de vrais clichés parfois, sans provoquer le moindre bâillement. Faut oser.
Si vous n’avez jamais lu Tuttle, préparez-vous à la découvrir, car je pense sérieusement organiser un petit concours (je ne sais pas encore quoi, mais ce sera fun) pour vous faire gagner un exemplaire ou deux de ce très intense recueil que je suis en train de dévorer tout en le mettant en page — c’est un des avantages d’en faire la maquette : on peut le lire presque avant tout le monde 😉
Bref, vous l’aurez compris, cette nuit je prends un mega-pied à travailler sur le bouquin d’un auteur que j’apprécie (et qui me semble plutôt vachement bien traduit). Je vous en reparlerai quand il sera dispo.
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