J’attend impatiemment l’iPad, très impatiemment même car je suis persuadé qu’il va changer la façon dont on consomme et délivre du contenu. Entre autres choses, pour la presse — du moins pour cette partie de la presse qui sera capable de faire autre chose que s’admirer le nombril en se répétant comme une litanie qu’elle sait tout mieux que tout le monde.
On en parlait sur Passe-moi l’geek, cet après-midi : c’est une chance, et je n’ai pas caché mon enthousiasme. Un aspect qui n’a pas été abordé, ou à peine (et pas par moi), c’est l’ouverture : Apple s’ouvre-t-elle ou, au contraire, se prépare-t-elle à commercialiser le premier véritable ordinateur “fermé”, une machine avec laquelle l’utilisateur ne pourra (presque) rien faire à part acheter et consommer ? Le rêve des marchands… un cauchemar pour nous ?
C’est une question capitale (un sujet pour le prochain épisode, Klaki ?) : l’ordinateur est-il un produit de consommation, comme un crayon ou un Kleenex : un objet que l’on achète et que l’on use. Ou doit-il rester une opportunité d’apprendre, de s’émerveiller, en… le bidouillant ?
Pour ne pas changer, une réflexion lucide et pertinente à ce propos chez diveintomark : Tinkerer’s Sunset
Once upon a time, Apple made the machines that made me who I am. I became who I am by tinkering. Now it seems they’re doing everything in their power to stop my kids from finding that sense of wonder. Apple has declared war on the tinkerers of the world. With every software update, the previous generation of “jailbreaks” stop working, and people have to find new ways to break into their own computers. There won’t ever be a MacsBug for the iPad. There won’t be a ResEdit, or a Copy ][+ sector editor, or an iPad Peeks & Pokes Chart. And that’s a real loss. Maybe not to you, but to somebody
via.
Bien sûr, on peut se rassurer en pensant que l’iPad n’est pas la seule machine que l’on possède, qu’il suffit d’allumer un Mac pour faire ce que l’on veut. Je peux me rassurer en allumant mon PC sous Linux, dans lequel je suis seul maître à bord, avant dieu. Mais n’est-ce pas une illusion ? Une façon de regarder en arrière et refuser de voir l’avenir ?
Quelle informatique aurons-nous demain ? Laquelle voulons-nous ?
Mon enthousiasme reste entier: en tant que professionnel (auteur et éditeur), j’y vois une chance incroyable. Mais je suis aussi un utilisateur conscient des risques qu’il y a laisser des appareils prendre trop de place dans notre vie, surtout quand ils sont contrôlés par une poignée d’entreprises privées dont le profit est le seul objectif — fussent-ils carrossés comme Apple sait si bien le faire.
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