C”est une des informations dont ils nous rabâchent les oreilles depuis ce matin, à la radio — génial, non ? Fêter Noël. Dans les clairières richement éclairées des centres commerciaux, entrons dans le Sabbat des suceurs de fric et de cervelle. C’est un festin. Chantons et dansons de tout notre coeur. Main dans la main, toujours plus fort et plus vite, tournons pour atteindre cette ivresse de l’abrutissement. Farandole morbide.
Quand j’étais petit (et beau), le soir du réveillon mon grand père me prenait sur ses genoux, je me blottissais dans le creux de son bras — rien ne pouvait plus m’arriver, protégé par ce tendre rocher — et il me racontait que, pour Noël, lui et sa soeur recevaient une orange, rien d’autre que cette orange. Il m’a souvent raconté cette histoire, il voulait m’apprendre quelque chose. Mais je n’étais que choqué à l’idée de ne pas recevoir ma montagne de cadeaux, dans leurs emballages brillants comme des bonbons trop sucrés. Circuit de voitures, encore plus de Lego et de Playmobil, une panoplie du petit chimiste, un microscope, une radio, une platine à disques, un lecteur de cassettes, un ordinateur,… Des livres, aussi. Des cadeaux. Un tas. Je quittai ses genoux, uniquement préoccupé d’être au lendemain matin! Alors, mon grand-père me regardait déballer les cadeaux, en silence. J’ai souvent déçu mon grand-père.
Ca fait quelques années que je ne fête plus Noël à coups de cadeaux, ni pour moi ni pour personne. Dimanche, ce sera un repas tout simple, calme aussi, avec ma compagne et notre meilleur ami. Un repas comme on en ferait un n’importe quand dans l’année. Avec seulement notre conversation et une bonne bouteille de vin pour peupler la nuit.