Word et l’écriture numérique

Comme je l’écris dans ma prise en main de Microsoft Office pour iPad (à lire sur MacG, voyez la partie « Bureautique, ça veut dire « sur du papier » ? ») une des choses assez décevante dans cette première version de Word pour iPad ce n’est pas tant qu’il ne puisse pas imprimer (ce sera vite corrigé) mais bien qu’il prenne si peupas du tout en compte les usages bureautique purement numériques : création d’ePub/Mobi ou de PDF et publication en ligne, sur un blog ou directement en HTML.

C’est d’autant plus dommage que la version Windows de Word permet depuis plusieurs années de publier sur un blog. C’est un des modèles prédéfinis qu’il suffit de choisir dans la liste :

Il permet entre autres choses de publier directement sur un blog WordPress. On ne peut pas tout faire mais, en ce qui me concerne ça pourrait suffire : texte et images sont gérés, ainsi que les styles, on peut enregistrer des brouillons sur le blog. Il y a aussi les catégories, il me manque les mots-clés.

Le même brouillon, affiché dans Word 2013 sur Windows et sur l’iPad mini retina. Avoir le même affichage sur les deux machines est pratique, voir le billet stylé est plutôt pratique pour se faire une idée sans devoir ouvrir une seconde fenêtre. (Sur la capture, l’onglet de Word affiche les outils disponible, on ne se privera pas de le masquer le reste du temps pour gagner de la place et limiter le bordel ;))

Les billets étant rédigés au format Word et étant enregistrés sur OneDrive, on pourra donc les modifier depuis n’importe quelle machine. Pour le moment ( ?), on ne pourra malheureusement les publier que depuis la version Windows de Word. C’est dommage.

Word pour écrire, où on veut

Ajouter des outils de publication numérique à Word sur iPad (et ailleurs) serait, pour Microsoft, une excellente façon de démontrer que Word ne se limite à la préparation de rapports d’entreprises ou de devoirs scolaires, ni à des documents imprimés.

Ce serait aussi l’occasion de démontrer que d’avoir à pousser sur un bouton pour exporter en PDF ou en RTF ou même pour publier un article de blog, que ce soit depuis un fichier Word ou depuis un fichier TXT rédigé en Markdown, ça ne change rien : il s’agit de pousser un bouton.

(Avant de me lyncher, je rappelle que je blog en Markdown depuis longtemps, avant qu’il devienne à la mode avec la fournée d’éditeurs de texte optimisés Markdown qui sont apparu sur iOS.)

Et la compatibilité et la simplicité de Markdown, alors ?

Aaaaah. La légendaire compatibilité du TXT. Bien sûr.

Et c’est pour ça que je blogge dans un simple éditeur de texte, qui fait de simples fichiers TXT sans chichi : TextMate. Ca marche merveilleusement bien sur Mac, mais ça ne marche toujours pas très bien sur iOS : aucun éditeur ne répond à toutes mes attentes : gestion des images, syncro des fichiers, etc. il y a toujours un truc ou l’autre qui ne va pas. Tant, que j’ai cessé d’essayer de blogger en TXT sur iPad. C’est ballot.

Autre « souci » : si l’on opte pour des applications optimisées Markdown telles que l’excellent DayOne (iOS et OS X) ou les non moins excellents Daedalus Touch (sur iOS)/Ulysses III (sur OS X) … Ben… on ne peut plus faire grand-chose de notre texte sans d’abord le convertir ou l’exporter en quelque chose d’un peu plus courant que le XML que ces applications utilisent en interne. Exporter… comme dans Word ? Word qui enregistre ses fichiers en… XML ? Ca alors.

En clair, en adoptant ces superbes applications conçues pour faciliter l’emploi du Markdown, on a perdu l’idée de portabilité et de simplicité qui en était à la source. Ce n’est pas forcément un défaut, seulement un constat qui devrait aider à relativiser les qualités et les faiblesses des différents outils.

Je l’ai déjà dit :

  • Appuyer sur Cmd+B pour mettre en gras, c’est aussi simple à faire en Markdown dans TextMate que dans Word. Ou que n’importe où : on appuie sur Cmd et sur B, là.
  • Ecrire dans deux fenêtres (une pour taper le texte en Markdown, une seconde pour afficher l’aperçu du résultat) ne me semble pas plus pratique que d’écrire dans une seule fenêtre, en WYSIWYG. Je ne dis pas que c’est mieux ou moins bien, je dis que les deux méthodes me paraissent tout à fait viables et légitimes. Selon ce que l’on recherche.
  • Devoir exporter son texte Markdown vers un format « public » (RTF, PDF, ePub ou HTML pour le blog) pour le partager, n’est pas plus simple que d’envoyer un fichier Word par email, ou que de le partager sur OneDrive. C’est une autre façon de faire, rien de plus.

Bref. La compatibilité est fonction de nombreux paramètres. La préférence pour un format de fichier et l’usage auquel on destine le texte en font partie. Tout comme la facilité qu’il y a à travailler sur la machine ou les machines de notre choix. A l’heure actuelle, l’outil qui m’offre une fiabilité digne de ce nom, sans bidouille ou bricolage, quelle que soit la machine que j’utilise… c’est Word.

J’aime Markdown, j’aime l’utiliser depuis des années pour blogger, mais je n’ai jamais trouvé sur iOS un outil qui réponde à mes attentes. Même si j’ai essayé plusieurs fois, et si j’essaye encore, je n’ai jamais non plus accroché à Markdown pour écrire de la fiction ou des livres : il ne m’apporte rien, au contraire je m’y enlise.

Si Microsoft se décidait à inclure des outils de publication en ligne dans Word ainsi que, je le répète, de quoi exporter vers des formats de livres numériques, il ferait un grand pas pour me séduire en m’apportant une solution enfin fiable et multiplateformes. Peut-être serai-je le seul à cesser de voir en Markdown l’Alpha et l’Omega de ma vie d’auteur ? Je ne pense pas, mais je m’en fiche 😉

En attendant que Microsoft me propose ça, je reste sur TextMate (et sur Mac) et sur Markdown pour blogger. (Notez que ce billet a été entièrement rédigé dans Word sous Windows et iOS et publié depuis Word sous Windows.)

Edit, parce que j’ai parfois tendance à prendre des raccourcis : tout ce que j’ai écrit ici à propos de Word est aussi valide pour OneNote. L’un ou l’autre feraient de très chouettes outils de publication numériques à mon goût. OneNote peut-être encore plus, vu sa souplesse pour le travail collaboratif.