Littérature populaire

Je peux donc dire que je lisais essentiellement de la littérature « populaire ». Et je m’en portais très bien. Je voudrais ajouter ici que c’est la littérature populaire qui m’a fait comprendre très tôt qu’écrire est un métier. Les auteurs américains laissaient clairement entendre qu’ils appartenaient à une « famille » d’écrivants qui se lisaient mutuellement et qui travaillaient souvent ensemble. Ils parlaient d’argent, des aléas de publication et disaient : « J’ai vendu une nouvelle. On m’a refusé un roman. » Et je découvrais qu’ils venaient de milieux très divers, que beaucoup avaient une formation scientifique ou technique, que certains avaient commencé très tard – toutes choses très encourageantes aux yeux d’un garçon pour qui l’éventualité de publier avait tout du rêve impossible. L’autre chose que j’ai apprise de ces auteurs est qu’ils puisaient leurs idées autour d’eux. Dans la présentation de ses nouvelles en recueil, Isaac Asimov expliquait que le sujet de telle histoire lui était venu au cours d’une conversation avec un de ses amis, ou à la suite d’une lecture, voire même d’un pari – ce qui démystifiait complètement toute notion d’« inspiration » : tout était bon à raconter, tout était bon à écrire, et écrire pouvait à la fois être très sérieux et très ludique.

Martin Winckler: Le métier d’écrivant, un feuilleton inédit (1)

Oui, je viens de citer un autre passage du même article, sur osezlasf.net.

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