L’élégance et l’efficacité du couple Ulysses III et Daedalus Touch m’agace.
On commence sur l’un le texte que l’on continue sur l’autre, on passe du Mac à l’iPad sans se poser de questions, tout est géré. On écrit, c’est tout.
Et ça marche, aussi simple qu’un carnet avec tout le confort de quitter le papier pour le numérique : syncro des textes, correcteur, copier-coller, facilité de réorganiser les textes, etc.
Gâteau sous la cerise, l’un comme l’autre sont superbe — je veux dire, enfin des éditeurs de texte qui se soucient de la présentation du texte qui ne serait pas du code informatique : j’aime indenter la première ligne de chaque paragraphe, j’aime contrôler l’interligne et définir un espace entre chaque paragraphe, par pur confort visuel. On écrit avec plaisir dans ces deux-là.
C’est encore à tester dans la durée et sur de gros volumes de textes — ce que je ne peux pas apprécier en seulement quelques semaines — mais du point de vue de la simplicité et du confort d’utilisation, on est pas loin du sans-faute. Un régal.
Alors, pourquoi ces outils m’agacent autant qu’ils me séduisent ?
Pas parce qu’il y aurait des (petits) bugs, ou parce qu’il y aurait tel ou tel défaut. L’app parfaite n’existe pas.
Plutôt parce que je n’en suis pas à une contradiction près. Et parce que ces deux comètes remettent en question ma façon habituelle de travailler.
Ma liberté s’écrit TXT
Elle ne s’écrit pas Markdown : TXT, des fichiers au format texte que je rédige en Markdown ou pas.
J’aime l’élégance de Daedalus Touch et Ulysses. J’aime qu’ils se chargent de tout. J’aime aussi — des quelques échanges avec eux — la vision des choses qu’ont les devs. Mais ne plus contrôler mes fichiers m’agace. Ne plus voir mes fichiers me gêne.
Mes textes, mes fichiers. Ça a toujours été lié. J’ai du mal à y penser autrement.
Ça semble un détail, mais c’est énorme : en appliquant presque parfaitement l’idée même de Apple de gommer le fichier aux yeux de l’utilisateur, d’utiliser à la place une bibliothèque (et la syncro iCloud), on perd… la portabilité et la compatibilité des fichiers texte.
Oui, on écrit en Markown. Oui, la syncro est automatique et quasi immédiate entre Ulysses et Daedalus, mais entre eux seuls. Du moins par défaut.
Dire adieu à cette qualité essentielle du TXT me semble fou : pouvoir ouvrir un fichier dans n’importe quel éditeur, sans souci, sans devoir les exporter ni les importer ni les convertir.
J’aime commencer un texte dans nvALT, comme une vague idée ou juste une phrase qui me passe par la tête, puis le reprendre, n’importe quand, et l’étoffer dans TextMate ou TextEdit ou etc. Puis de changer à nouveau. Et pas seulement pouvoir changer d’application, changer de machine aussi.
En échange de renoncer à ça, je gagne la simplicité et un confort d’écriture sans égal sur iPad, et peut-être aussi sur Mac.
Je ne sais pas
Je me suis donné ce WE pour trouver une solution qui me permettrait de profiter de cela, qui est génial, sans renoncer à ce petit bout de “complexité” auquel je tiens, qui me rassure : le contrôle de mes fichiers. Ma façon de sauvegarder les textes me convient parfaitement, et je ne souhaite pas renoncer à ma façon de nommer mes fichiers, qui s’est révélée si fiable sur le long terme. Ni, non plus, renoncer à la possibilité de les ouvrir — sans exportation ou copier-coller — dans l’app de mon choix.
Je vais regarder du côté de la syncro avec Dropbox, plutôt que iCloud, depuis Daedalus Touch sur iOS. Et tester la gestion des “sources externes” (des dossiers, dans Dropbox), depuis Ulysses sur OS X.
Renoncer à iCloud et à la bibliothèque qu’ils utilisent par défaut n’est pas gratuit : on perd en fonctionnalités. Mais, de ce que j’ai pu voir, rien qui me manquerait vraiment : notes de bas de page et insertion d’images — dont je n’ai pas besoin pour écrire mes petites histoires.

François Bon touche juste en parlant de base de données textuelle, quelque chose dont nous parlions, il y a peu encore, avec @urbanbike en discutant de Notational Velocity.
Évidemment, ce serait plus simple de remettre mes habitudes en question. Et ce ne serait pas la première fois.
Cela fait des années que j’ai déjà délégué la gestion de ma musique et de mes photos à des bases de données, sans plus me soucier des fichiers : iTunes et Aperture. Pourquoi pas celle de mes textes ?
Bref, une histoire à suivre.
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