C’est complètement con

Dans le monde analogique, les bavardages sont généralement quelque chose d’informel et… d’opportuniste. On croise X, on cause avec lui, et on repart faire ce qu’on faisait.

En ligne, il y a les “réseaux sociaux” (comme si un réseau pouvait être autre chose que social dès qu’il relie plus de deux entités de ce que l’on veut).

Des réseaux, au pluriel. Par exemple, je suis sur Twitter et sur identi.ca, mais il y en a pas mal d’autres. Ce n’est que par un choix militant que je ne suis pas, bien entendu, sur l’inévitable Facebook. Et, depuis quelques heures, je suis aussi présent sur Google +.

Gplus

Trop cool, je surfe sur la vague de la high-technologie webologique… Sauf que merde, quoi.

Ça commence à puer comme dans une chambre qu’on aurait oublié d’aérer depuis quelques semaines. Ça commence un peu trop à ressembler à de l’inceste : frères et soeurs, parents et enfants, ne semblant vouloir qu’une chose : se reproduire les uns les autres frénétiquement. Or, l’inceste, c’est pas bon.

Twitter

C’est l’enfer. Et si ça ne l’est pas, ça le devient. Pour moi, du moins.

Pour avoir une vie sociale en ligne, participer aux réseaux, je dois m’être inscrit à autant de service qu’il ya de réseaux, car ils sont incompatibles (on pouvait bien se moquer de l’autiste MSN Messenger), juste pour pouvoir, souvent, discuter avec les mêmes personnes. Je dois utiliser des outils différents pour faire à peu près la même chose mais pas complètement, car chaque service se veut unique. Je dois gérer mes identités.

Mes identités ? Gérer ? Hé ! Oh ! J’ai pas signé pour ça, moi.

J’ai autre chose à foutre que passer ma vie à surveiller Google ou Twitter ou Machin pour savoir qui m’adresse la parole ou pour décider où poster tel ou tel bavardage — parce qu’il y a ça aussi : bavarder, ça devient une stratégie.

T’as qu’à ne pas t’inscrire, hé Ducon ! Oui, sauf que non. Parce que, à moins de renoncer à toute activité “sociale” en ligne, tu as besoin des “réseaux sociaux”. Surtout quand tu gagnes ta vie à causer de technologie… Tout simplement parce que tout le monde ou presque se presse pour monter dans ce — les enfants, fermez vos yeux innocents — putain de train de merde des réseaux sociaux à la con (désolé, mais ça fait du bien de jurer un bon coup).

Je veux juste bavarder, plaisanter, relayer des trucs ou en lire. C’est tout.

À présent, j’ai plus l’impression de piloter un Boing 747 tant j’ai de comptes différents, d’adresses, d’applis, etc. à gérer.

J’en viens à regretter les discussions par email. C’est complètement con.

Voilà, j’ai râlé un bon coup. Ça va mieux.

Je suis certain que Google change pas mal la donne et apporte quelques nouveautés (très) intéressantes (rien que les cercles, déjà). Mais ça ne corrige pas le fond du problème… Et je ne sais pas comment le formuler autrement :

Mes bavardages ne devraient appartenir à aucune entreprise privée, aussi gentille soit-elle avec moi; l’espace où nous nous rencontrons, même virtuellement, devrait être public et il devrait être le même pour tous.

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