Goethe et le droit à l’image

J’ai commencé ce soir son Voyage en Italie, et je tombe sur ce passage :

J’étais à peine établi, que diverses personnes entrèrent dans la cour. Elles m’observent, elles vont et viennent; la foule augmente, puis elle demeure et finit par m’entourer. je voyais bien que mon travail avait éveillé leur attention, mais je ne me laissai pas troubler, et je continuai tranquillement. Enfin un homme d’assez mauvaise mine s’avance vers moi et me demande ce que je fais là. Je lui réponds que je dessine la vieille tour, pour conserver un souvenir de Malcesine. Là-dessus il me dit que cela n’est pas permis et que je dois cesser. Comme il me disait cela dans la langue populaire de Venise, que j’entendais à peine, je lui répondis que je ne le comprenais pas. Sur quoi, avec un véritable flegme italien, il prit ma feuille et la déchira (…)
(Goethe, Voyage en Italie, p.36-37, Bartillat)

Ca se déroulait le 14 septembre 1786… Je vous laisse découvrir la façon dont Goethe s’est tiré de ce mauvais pas.

Au fond, ça n’a pas énormément changé. Les appareils photos ont remplacés le crayon et le papier. Les photographes ont pris la place des dessinateurs, mais c’est la même méfiance qui joue (bien que pour d’autres raisons) et c’est avec le même sourire forcé qu’on raconte ce genre d’aventure à nos amis.

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