Dimanche, j’ai recopié des notes, une idée d’histoire (une petite fille qui serait une sorte de tueur en série) qui m’est venue il y a un peu plus d’une semaine, en me réveillant et hâtivement notée dans un cahier de brouillons. Il m’a fallut tout ce temps pour me décider à mettre ces notes au propre — 18 pages tout de même, de mon écriture si lisible — et voir s’il y a vraiment quelque chose à en tirer.
A votre avis, quelles sont les chances qu’une histoire soit intéressante si l’auteur lui-même s’endort en relisant ses notes ? Dur dur…
C’est encore plus dur d’écrire quand l’auteur lui-même — dans un élan de schizophrénie masochiste, tel un lecteur un peu trop curieux — penché par dessus sa propre épaule, ne cesse de bailler non pas d’une page à l’autre, mais d’un paragraphe au suivant, d’une phrase à l’autre ! Quelle déprime de l’entendre marmonner : “c’est ça ton idée ? Ce sont tes personnages, ça ? Et c’est tout ce qui se passe ? Pfffffff, ce jour-là t’aurais mieux fait de te recoucher et d’oublier cette merde”. Et d’autres encouragements de la même veine.
C’est également très mauvais signe, quand chaque prétexte pour faire autre chose qu’écrire devient une tâche prioritaire: lire ses mails (y compris les spams). Rafraîchir toutes les 10 minutes son lecteur de flux RSS pour voir s’il n’y a vraiment pas un nouveau petit billet à se mettre sous la dent. Changer 20 fois le fond d’écran de l’ordinateur, chercher de belles icônes pour les dossiers. Regarder pour la nième fois The Big Sleep en se disant que, franchement, blablabla tout ce qu’on voudra sur le couple Bogart et Bacall mais le film ne tient pas la comparaison avec le roman de Chandler — qui est un put**n d’auteur, salaud. Pour terminer, faire les poussières sur le bureau et, tant que j’y suis, nettoyer la salle de bain et la cuisine… Oh ? Mais il est déjà l’heure de préparer le dîner ! Le temps passe si vite… Et encore, on a pas la TV.
Si ça n’avait tenu qu’à moi, ce brouillon aurait fini son existence à la poubelle, il aurait rejoint les dizaines d’autres brouillons dans le Grand Néant des histoires mort-nées. C’est Sandra qui m’a poussé à terminer. Elle a peut-être bien eu raison d’insister: les 18 pages ont été recopiées et pas mal annotées. Je les aies relues ce soir et j’avoue que je commence à bien l’aimer cette petite fille meurtrière, et ce vieux chat pelé qui ne la quitte jamais. Y a une chouette musique.
Me reste à trouver le temps… cesser d’avoir toujours une excuse… écrire. Enfin, essayer 😉