Dans le centre des grandes villes, le sol est soit revêtu de bitume, soit dissimulé sous des constructions en fer ou en béton; aussi la vraie terre se fait-elle rare de nos jours.
Lorsqu’il était enfant, il y a de cela trente ans maintenant, la terre ne manquait pas dans les environs. Sur un terrain triangulaire, de quelques trois cents mètres carrés, s’élevait une maison en bois : c’était la sienne. Alors que, désormais, on les considère comme des curiosités, à l’époque on trouvait partout des terres, et puis des chevaux. Posté devant un portail, on n’attendait guère avant de voir passer un cheval tirant une charrette, ou un militaire sur sa monture.
Aujourd’hui pour apercevoir des chevaux, il faut aller au zoo, dans un cirque ou sur un champ de course.
Là où le terrain n’était pas bâti, autrement dit dans le jardin, poussaient toutes sortes d’arbres et de plantes. Près d’un immense et vénérable prunier, s’épanouissaient les grappes roses pâle d’un lilas des Indes, tandis que d’exubérantes herbes sauvages s’étaient emparées du partere qui occupait un coin du jardin.
– Tu as vu les grosses fleurs que nous ont données les hortensias ? dit la vieille femme, assise sur un matelas dans la pénombre de sa chambre. Tu sais qu’il ne faut pas planter d’hortensias dans un jardin.
(Yoshiyuki Junnosuke, “Les hortensias”, Anthologie de nouvelles japonaises, T.III, Picquier poche)