La lumière

Ce matin, avant de partir pour le travail, Sandra me montrait une belle photo de la nébuleuse d’Orion, en double pages dans la revue Ciel et espace.

Avec ma finesse habituelle, je n’ai pas pu m’empêcher de faire un parallèle entre cette double page et celle de Playboy. Mais elle n’a pas relevé (merci ma chérie). Avant de refermer la revue, l’air de rien elle a posé le doigt sur une étoile tout à gauche de la photo, puis en faisant doucement glisser son doigt le long d’une ligne droite imaginaire, m’a montré une autre étoile tout à droite, en disant, lentement, comme on parle à un enfant pas très doué : « pour aller de là à là, la lumière a mis treize années… ». Puis elle partie travailler.

La lumière a mis treize année. C’est quelque chose qui s’est passé, ça a eu lieu un jour, un instant, treize ans. La lumière a mis du temps. Treize ans. La lumière se déplace. La lumière a traversé une nébuleuse, il lui a fallu treize ans. Un photon (ou quoi donc ?) s’est déplacé de là à là. Il s’est déplacé comme moi quand je reviens de la boulangerie.

En dehors d’être parfois ému bien plus qu’on image devant les belles photos que font les astronomes, mes connaissances en astronomie se limitent à savoir que l’univers est… grand. Mais ce matin, au bout du doigt de Sandra, voir cette durée imposée à la lumière elle-même, ce machin-chose dans lequel on baigne et qui est toujours là; contempler cette distance astronomique, coincée entre les deux petites pages de cette revue, une distance telle que même la lumière à besoin de temps pour la parcourir!

Scientifique, j’aurais adoré me plonger dans l’univers, cet inconcevable infini.

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