Paris à pied

Vous êtes-vous déjà perdu ? Non pas dans un pays inconnu ou même dans une ville où vous débarquez pour la première fois, mais là où vous vivez ?

C’est ce que j’ai fait hier, à Paris. J’ai décidé de perdre mon chemin, partant de la Seine en direction du Sud, vers le 13ème arrondissement où je vis, pas loin de Gentilly.

Ca peut paraître paradoxal de décider de se perdre, surtout quand on précise que c’est dans une direction connue, encore plus dans une ville aussi balisée que l’est Paris, et pourtant… D’abord il faut avoir du temps à perdre, ce qui n’est pas un problème vu que je suis en vacances toute cette semaine. Il suffit alors de se rendre quelque part (par exemple sur les quais, au musée d’Orsay) et de commencer à marcher sans regarder le nom des rues ni les bâtiments connus (autour de la Seine, c’est plutôt difficile, mais il faut essayer). Tourner à gauche, tourner à droite, encore à gauche, tout droit, etc. Assez rapidement on se retrouve perdu. On s’en aperçoit quand on commence à hésiter et, peut-être, à cligner des yeux. A gauche ou à droite ? J’en sais rien !

C’est à partir de ce moment qu’on est disponible pour se laisser surprendre, pour une rencontre avec la ville. Parfois cela ne donne rien et, au final, vous n’aurez fait qu’une heure ou deux de marche à pied. Mais si ça fonctionne attendez vous à faire quelques belles photos.

Le froid aidant, car il faisait froid hier, vous vous retrouvez à la fois contraint de tracer un chemin — ce qui vous oblige à sortir de vous même, à avancer toujours d’un pas en espérant qu’il sera le dernier, celui qui vous aura mené quelque part  —, et vous oblige à vous replier en vous même, derrière le manteau, le bonnet et l’écharpe, un visage engoncé dont on ne distingue que les yeux plissés par le vent et le nez rougis par le froid — c’est moi !

Celle d’hier était ma plus longue errance parisienne, mais ce n’était pas la première. C’est ma façon favorite de visiter la ville un appareil photo en main. Car c’est l’habitude qui (m’)empêche de regarder autour de soi : on connaît cette rue et alors Paris ce n’est jamais plus qu’un bout de trottoir bordé de vieilles pierres, un trottoir sur lequel on passe en direction d’autre part. C’est à peu près le même piège qui est tendu aux touristes : on vient à Paris pour voir la tour Eiffel, les Champs Elysée, etc. et tout ce qu’on y voit ce sont d’autres touristes venus regarder les mêmes endroits, qui se révèlent généralement bien plus intéressants (et bien moins bondés) racontés par un auteur ou illustrés par un photographe, dans un livre.

Vous montrer les photos ? Ce serait avec plaisir mais je n’en ai pas pris une seule, j’avais vraiment trop froid ! Je vous l’ai dit, ça ne marche pas à tous les coups. Par contre, je me suis régalé d’une savoureuse crêpe quelque part dans le 7ème arrondissement 😉

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