Numilog nous propose un sondage sur son site web afin de connaître le format que nous préférons utiliser. Je viens d’y répondre et quelque chose me chiffonne…
Selon cet article (en anglais) publié sur CNET.com,la prochaine version du format PDF devrait apporter quelques innovations croustillantes au niveau sécuritaire.
* Meilleur contrôle des autorisations de lecture par utilisateur, définitions personnalisées des actions autorisées et quand elles seront accessibles. Vous imaginez un roman électronique qui ne soit lisible qu’en dehors des “heures de bureau” ? Je plaisante… euh… je plaisante ?
* Possibilité d’autoriser, ou non, la lecture du fichier sans exiger une authentification à un serveur, je cite :
Administrators can even define a “lease period,” within which the recipient has limited rights to use a document without checking in with the server, allowing workers to be more productive offline.
* Il y a surtout cette très belle option qui va permettre de signaler au programme de lecture que la version X du fichier actuellement installée sur l’ordinateur n’est plus bonne, qu’il faut la supprimer et demander à l’utilisateur de recharger la version à jour !
Permissions can also be changed as the nature and use of a document changes, Landwehr said. These include “shredding” instructions that destroy an obsolete version of a document and instruct the recipient to retrieve the current version.
Avec une belle grosse dose d’amour pour nos frères et soeurs humains, on pourrait se dire que “personne ne voudra adopter une politique des droits aussi contraignante pour le lecteur, aussi humiliante et aussi peu respectueuse de cet espace personnel, à défaut d’être privé, qu’est le disque dur de l’ordinateur”.
Héhé ! On peut rêver… Mais si Adobe propose ce genre de services c’est probablement pour satisfaire l’attente de ses clients. Je connais déjà quelques éditeurs qui rêvent de se pouvoir de contrôle inquisitorial sur la façon dont nous accéderions à leurs fichiers. Et l’auteur, au fait, il a quelque chose dire dans cette histoire ?
Adobe et son PDF n’est pas seul en course, Microsoft semble proposer des services similaires. Même si le PDF ne se destine pas spécialement à la diffusion d’oeuvres de fiction, vu la parano de certains éditeurs (français au moins)… J’ai l’impression que tout espoir est perdu de voir le livre électronique devenir ce qu’il mérite d’être : un moyen populaire et pratique, payant ou gratuit, de diffuser nos connaissances, nos cultures.
Il reste un petit espoir, d’une part que les éditeurs réalisent que cette façon de (mal)traiter les lecteurs, leurs lecteurs, va les faire fuir vers des cieux plus cléments et un peu plus reconnaissants pour cet argent qu’ils veulent dépenser.
Si l’acte de lire devient aussi orwellien que je doive demander la permission d’ouvrir un livre… J’ai quelques milliers d’heures en DVD qui attendent que je trouve le temps de les regarder.
D’autre part, il faudrait que nos auteurs prennent conscience qu’ils n’ont plus obligatoirement besoin des éditeurs traditionnels pour être publiés électroniquement !
A peu près n’importe qui (même un écrivain ;-)) peut rapidement parvenir à publier des livres électroniques correctement formatés (y compris en PDF) et les diffuser (gratuitement ou commercialement) via des sites spécialisés ou via son site personnel. c’est le lecteur ensuite qui se chargera du téléchargement et de la promotion, que ce soit par le bouche à oreille ou par la diffusion du fichier autour de lui (si on lui donne la possibilité de le diffuser!).
Est-il possible que les éditeurs se laissent aveugler/rassurer par la lourdeur de fabrication et de diffusion des livres en papier, qu’ils refusent de voir la menace qui plane ? Celle de ne plus être le passage nécessaire entre les auteurs et les lecteurs.
Ou alors ils en sont très conscient ?
J’apprécie le travail (de certains) des éditeurs — hé ! Je travaille dans une boîte d’édition ! —, je reste persuadé qu’ils ont un rôle à jouer dans l’édition électronique, mais pas en tant que gendarmes !
J’espère qu’il seront capables de comprendre que l’édition électronique devrait être autre chose qu’une recopie idiote de l’édition traditionnelle ornée d’un tas d’antivols bricolés autour du texte.
Aucun livre ne sera lu (…vendu !) si on ne peut l’ouvrir facilement, ou si on ne peut le lire là où on a envie, quand on en a envie.
Aucun livre ne mérite qu’on vende son âme au diable à un commerçant pour avoir le droit de le lire.
Cette gestion des droits, que vous voudriez la seule solution pour garantir vos droits et vos revenus, elle n’est qu’une contrainte inutile qui pèse sur les lecteurs qui payent vos livres de toute façon. A-u-c-u-n-e protection n’a résisté longtemps aux pirates…
Via l’excellent Homo Numericus.net.