Ca ne prend pas de place, ça tient dans un Palm et un Palm ça tient dans la poche !
Les ebooks c’est une bibliothèque complète qui ne pèse rien. Les ebooks c’est la liberté de mouvement. Du moins en théorie…
Car derrière les ebooks et il y a des éditeurs (et leur financiers)…
Il n’y a aucun doute que les éditeurs rêvent de nous vendre leurs livres sous forme électronique : le coût de fabrication est quasi nul, contrairement aux livres imprimés. Le hic c’est que les éditeurs ont peur.
Ils ont peur de … nous !
Si j’en crois un récent échange d’emails avec un diffuseur de livres électroniques, en France du moins, le plus gros problème pour enrichir leur catalogue c’est de convaincre les éditeurs qu’il est possible de parfaitement protéger leurs droits contre les pirates. Ils veulent être rassurés, avoir l’assurance que nous n’allons pas les voler.
Nous, leurs lecteurs, sommes tous des pirates… Vous savez bien ces fameux pirates qui assassinent la florissante industrie du disque.
Donc, parce qu’il est possible de pirater un fichier, des éditeurs, en France du moins — j’insiste —, refusent de vendre les livres sous forme électronique.
Ne sont-ils pas au courant que les versions papier sont également piratées ? Quelqu’un se porte volontaire pour le leur annoncer ?
Ils sont malgré tout conscients qu’il y a une demande pour des livres au format électronique. Alors ils concèdent quelques titres à la condition de soumettre le lecteur-acheteur à une licence d’utilisation absurde…
Vous souvenez-vous de la dernière fois où votre libraire vous a fait signer un accord de licence avant de vous vendre un bouquin ?Mmmm… moi non plus.
Si si… le livre électronique c’est la liberté de mouvement. Mais c’est une liberté conditionnelle.
Pour ne pas effrayer l’acheteur, on lui parlera de “la gestion de ses droits”.
Par exemple je viens d’acheter ce bouquin et je l’ai installé sur mon Palm. J’ai de la chance : j’ai le droit de le lire. Ne riez pas ! Car c’est le seul droit que j’ai. Ni le droit de le prêter (passe encore car je ne prête plus de livres vu qu’on ne me les rend jamais ;-)), ni le droit de revendre si je veux m’en défaire.
Déjà c’est dur à accepter : comme si nous étions obligés de conserver à vie tous les livres et les journaux que nous lisons… Le plus cocasse est à venir :
Avec certaines licences, je n’ai le droit de lire mes livres que sur une seule machine — il faut une machine pour lire un livre électronique : un ordinateur ou un Palm, par exemple. Malheur à moi si j’utilise plusieurs ordinateurs sur lesquels je veux pouvoir lire le livre que j’ai acheté.
Je télécharge mon livre et je l’installe sur telle machine pour pouvoir le lire et… je me retrouve lié à cette machine pour le reste de ma vie… Sauf à racheter un nouvel exemplaire du livre, sans doutre ? 🙁
On peut reconnaître une qualité à cette position : une grande foi (aveugle ?) dans la qualité des produits électroniques et dans la fidélité des utilisateurs envers ce matériel. Ca doit être sa seule qualité…
Imaginez un instant être obligé de lire vos livres uniquement chez le libraire, pour que quelqu’un puisse surveiller que vous n’en faites pas de photocopies. Ridicule ? Je trouve aussi.
Je comprends parfaitement que nos éditeurs veulent lutter contre le piratage. Ce que je ne comprends pas c’est la façon dont ils ont choisi de lutter. Pour rester poli : embêter les utilisateurs qui ont acheté le livre. Comme si le seul travail, le seul effort devait être supporté par le lecteur et pas par eux !
Merci pour le cadeau 🙁
Pour ceux qui auraient perdu le fil : l’idée de départ du livre électronique c’est de proposer un produit qui facilite la vie du lecteur/consommateur, qui soit adapté à notre mode de vie.
Que se passe t’il si je veux prêter le livre… disons à ma compagne ? Niet. Je dois ou plutôt elle doit en acheter un exemplaire.
Et si mes enfants veulent utiliser mes bouquins, disons pour un devoir d’école ? Non plus… Ah bon.
Voilà donc comment va disparaître la bibliothèque familiale ?
Ce billet peut sembler pessimiste et pourtant c’est tout le contraire car je suis un enthousiaste des livres électroniques.
La seule chose c’est qu’en France (je parle de ce que je connais. Si vous avez des expériences à partager…), on a quelques trains de retard par rapport à d’autres pays. Aux USA, par exemple, j’achète chaque semaine des livres électroniques sur des sites spécialisés. Y compris des revues.
Je paye et pourtant je ne suis pas coincé par une gestion des droits inhumaine.
L’exemple le plus sympa, à mon avis, c’est celui de http://www.palmdigitalmedia.com/.
Leurs livres sont eux aussi protégés par une gestion des droits, mais celle-là ne complique pas trop la vie du lecteur !
C’est même presque trop malin : mon nom et… mon numéro de carte de crédit !
Ne paniquez pas ami(e)s lecteurs : vous tapez tout le numéro, mais il n’en conserve qu’un bout, et il est codé je-ne-sais-pas-comment.
De cette façon, je peux lire mon bouquin n’importe où, en avoir un exemplaire sur toutes mes machines si j’en ai envie ; je peux même en passer des copies… si j’ai assez confiance en la personne pour lui donner mon numéro de carte de crédit… Ca ne fait pas grand monde. Les éditeurs peuvent se rassurer 🙂
On piratera toujours les protections, il y aura toujours des ‘chevaliers’ qui diffuseront des numéros de série… mais qui serait assez idiot pour diffuser sur Internet son numéro de carte de crédit ?
Pas moi 😉
Messieurs les éditeurs, si vous voulez vraiment promouvoir les livres électroniques — et je rêve de ça — vous n’y réussirez pas en cherchant la meilleure façon de limiter la liberté de mouvement de votre lecteur, son confort de lecture.
Vous y parviendrez si vous rassemblez et fidélisez un assez grand nombre de ces lecteurs. Pour cela, essayez :
- de ne pas les traiter comme des voleurs potentiels. Un peu de respect pour vos clients, en somme.
- de ne pas leur compliquer la vie en les liant à une machine ou à une gestion des droits trop complexe ou trop contraignante.
- Proposez plus de titres ! Et pas que quelques classiques SVP : des nouveautés, des romans, des poèmes, des essais, du théâtre, etc. Ce qu’on pourrait avoir envie de lire
Le plus cocasse, c’est que je ne peux pas lire certains livres que je souhaite acheter, malgré les licences insupportables que vous imposez, justement à cause de cette gestion des droits ou de l’obligation d’utiliser un lecteur spécifique (Microsoft Reader pour ne pas le nommer) qui n’est pas disponible sur mon Palm !(*)
[* : vous savez, bien entendu, que cette protection “invulnérable” proposée par le Reader de Microsoft est déjà contournée ?
Encore une fois ça ne réussit à faire qu’une chose : em… bêter les lecteurs qui veulent acheter! ]