Quelques éditeurs de texte en ligne (plus des questions existentielles)

Quand je suis sur le Chromebook, je ne peux pas utiliser Ulysses, ni Day One. Pas même le vénérable Scrivener. Qui plus est, partant du principe que je dois jouer à fond la carte du “tout connecté”, j’ai décidé de n’utiliser que ce qui s’intègre bien avec Google Drive et de tout faire en ligne—même pas peur.

Google Docs, le choix le plus évident, n’est malheureusement pas très performant sur les gros fichiers : il rame, c’est encore plus sensible sur le Chromebook et son petit processeur. S’il n’est pas complètement inutilisable, c’est quand même vachement pénible (au point que je découpe mes textes en petits fichiers). Et puis, on ne devrait pas avoir à supporter ça quand on manipule du texte dans un traitement de texte.

Pour le moment, je continue à l’utiliser mais j’ai déjà recherché quelques alternatives. Si je n’ai pas tout essayé, voici celles qui, à mon avis, méritent votre attention. On sort du traitement de texte traditionnel, pour se tourner (surprise ?) vers les éditeurs. Donc, pas de Word (qui est disponible) ni d’autres choses de ce genre.

La plupart de ces apps étant des pages Web ou une extension Chrome ou quelque chose dans le genre, vous pouvez les utiliser sur un Mac ou un PC, du moment que vous avez installé Chrome.

  • Caret. Gratuit. Il fonctionne avec ou sans connexion à Internet et supporte Google Drive. Minimaliste, si pas austère, il est performant.
  • Calmly Writer (gratuit et payant) Lui aussi fonctionne qu’on soit ou non connecté à Internet. Son interface est plutôt sympa et s’adresse d’avantages aux auteurs qu’aux codeurs (bien que je sois un peu troublé par sa gestion des fichiers) et on peut le personnaliser.
  • Writer, de Bighugelab (il y en a d’autres du même nom). Gratuit, avec aussi une version payante. Pas mal… mais ne travaille pas directement depuis Google Drive: en export uniquement, avec la version payante.
  • DiveNotePad. Gratuit, très bien intégré à Google Drive (ou Dropbox). Très simple et performant.

Ben alors, David, tu ne proposes aucun éditeur “optimisé” pour Markdown ? Nope.

Pourtant, il y en a (surprise d’y croiser IA Writer), mais aucun ne m’a convaincu… Essentiellement parce que la plupart de ces apps “Markdown” sont des apps Android et qu’elles ne sont pas bien intégrées à Chrome OS: Android sur Chrome c’est de la beta… on attendra encore un peu. Mais, encore une fois : je n’ai pas tout testé. N’hésitez pas à partager vos trouvailles si vous en avez 😉

Ces recherches m’ont aussi amené à me poser quelques questions sur l’évolution des apps.

To service or not to service, that is the question

D’abord, ça m’a fait réaliser que c’est tout à fait possible de travailler en ligne, directement dans une page Web… Au moins pour écrire, mais aussi pour des tâches un peu plus exigeantes. Les apps classiques ont pas mal de qualités, dont celle de pouvoir répondre à des besoins très spécifiques, c’est certain. Mais il n’y a aucune raison technique pour ne pas réussir à proposer la même chose en ligne. C’est uniquement une question de désir et de maturation des technos.

Refuser par principe cette idée me semblerait aussi borné que refuser de considérer Markdown comme outil de travail “parce que c’est pas Word”, ou la publication électronique “parce que c’est pas imprimé sur du papier”.

Bref, je serais curieux de voir qui, de Ulysses, Day One ou même Scrivener, osera sauter le pas en premier ? Ou alors la surprise viendrait d’un nouveau joueur ? Qui sait, j’ai déjà noté quelques tentatives intéressantes mais encore un peu trop jeunes pour les recommander ici.

Par contre, qui dit service en ligne dit abonnement (gratuit ou payant) et on devrait d’urgence se demander quelle espérance de vie/rentabilité auront ces apps/services en ligne ? 

Non seulement au vu de l’allergie de nombreux utilisateurs à l’idée de payer pour un service logiciel. Pour un exemple récent, voyez le buzz négatif autour de l’annonce de Day One de passer de l’achat à l’abonnement (je m’y suis abonné, si vous vous posez la question).

Mais aussi parce que, y compris dans les apps mentionnées plus haut, avec un service on n’a aucune certitude sur leur avenir, ni aucun contrôle. Qu’est-ce qu’elles vont devenir ? Qui nous assure qu’elles continueront à être développées ? Une app achetée, je peux la réinstaller même si son dev met la clé sous la porte. Je peux aussi continuer à l’utiliser sans la mettre à jour si, par exemple, sa nouvelle version ne me plait pas. Tout ça est impossible avec un abonnement.

La question se ramène surtout à savoir s’il est possible pour des développeurs indépendants de proposer ces petites apps/services et d’en faire un business rentable, ou si ce n’est supportable que par les géants Google, Apple ou Microsoft… qui gagnent leur argent ailleurs ?

Parce que si tout dépend de ces multinationales, on peut dire adieu aux apps si spécifiques mais que l’on aime tant utiliser : ce n’est pas Google, Apple ou Microsoft qui vont imaginer Day One ou Ulysses… Ce genre d’apps intéresse bien trop peu de monde. Et, en tant qu’utilisateurs, quels moyens aurions-nous alors pour influer sur leur développement ?

Aurons-nous alors tous droit au mêmes apps, du genre de Word online, Google Docs ou Pages, certes utilisables gratuitement… mais à quel prix ? Un produit identique pour tout le monde, avec presque pas de moyens de le faire à notre main ? Et tant pis pour nous qui recherchons autre chose ?

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