Freewrite, c’est une machine à écrire high-tech — clavier mécanique, écran e-ink, WiFi (mais sans Internet), autonomie de ouf — pour écrire sans distraction. C’est-à-dire que Freewrite est un superbe clavier connecté à un tout petit écran N&B, le tout vendu 500$ — 600$, TTC ? Quand même.
Je n’ai jamais caché apprécier travailler dans un environnement le moins encombré possible — d’où mon choix de Markdown — même quand j’utilisais Microsoft Word (2010). Et j’ai toujours une machine à écrire mécanique, même si son usage est des plus ponctuel. Sans oublier le crayon et le bloc-notes, qui ne me quittent jamais — plus minimaliste et sans distraction que ça, je ne connais pas.
Mais j’avoue avoir un peu de mal à trouver de l’intérêt à la Freewrite. Je veux dire, qui ne possède pas déjà un clavier et un écran — celui de son Mac ou de son iPad ? Or, des solutions existent pour limiter les distractions sur le Mac comme sur l’iPad, qui ne coutent rien. Voyons cela.
Oui, mais Freewrite est équipé d’un vrai clavier mécanique
C’est la Rolls du clavier à ce qu’on dit. Je vous répondrai que la Rolls pourrait aussi bien se révéler être une Lada : la qualité mécanique dépendant énormément de la qualité des matériaux et du type de switch utilisés, mais peu importe : les claviers mécaniques ont une excellente réputation, c’est vrai.
De son côté, le Mac dispose de ce qui est, à mon avis, le meilleur clavier tout court, tous types confondus, pour écrire confortablement des heures durant. Il n’est pas mécanique, d’accord, mais il est confortable, léger, performant et silencieux — c’est bien beau de laisser la muse prendre possession de nos petits doigts, en plein coeur de la nuit quand le reste de la famille est endormi, jusqu’à ce que cette conne de muse se mette à faire danser nos doigts sur les touches de cette cochonnerie de clavier mécanique car, là, vous pouvez dire adieu à l’inspiration créatrice et bonjour au reste de la famille réveillée en sursaut par le bruit de fusil mitrailleur des touches mécaniques. Remplacez “famille” par “collègues de bureau” ou par “voisins de table à la bibliothèque” et vous comprendrez l’ampleur du souci, même si vous n’écrivez pas la nuit et sous l’inspiration créatrice de la muse.
L’iPad, de son côté, dispose d’un excellent clavier virtuel et, si on y tient, on pourra aussi utiliser un vrai clavier traditionnel sans fil, la copie parfaite de celui du Mac — voir paragraphe précédent.
Oui, mais Freewrite permet d’écrire sans distraction
Ulysses, ou n’importe quel éditeur de texte disposant d’un mode plein écran sera tout autant “sans distraction” qu’un écran e-ink. Il sera aussi plus grand et plus confortable à utiliser.
Oui, mais Freewrite limite aussi les autres distractions
… et maximise les dépenses pour y arriver, serais-je tenté d’ajouter. Plus sérieusement, je le répète, inutile de claquer des centaines d’euros pour limiter les distractions. Voici deux solutions gratuites.
Sur Mac, une application comme SelfControl permet de couper Internet — ou d’en limiter l’accès à certains sites et services de votre choix pendant une durée définie à l’avance. Et il n’y a aucun moyen simple de le désactiver, même le désinstaller ne fait rien à l’affaire (attention donc, il n’y a pas de marche arrière : en cas de doute, ne lutilisez pas). C’est idéal pour s’isoler du Web, des réseaux et du mail, pendant une heure ou deux ou plus long encore — de mémoire, on peut le bloquer jusqu’à une… année.
Mes addictions en ligne sont bien cernées : une poignée de sites, Twitter et mes serveurs mails — il est toujours possible de démarrer Mail sur le Mac, mais l’app ne recevra aucun courrier.
Si vous disposez d’un vieil ordinateur dédié totalement à l’écriture, plus besoin de faire comme Jonathan Franzen — il enlève la carte WiFi et rempli de colle le port Ethernet de son PC — pour éloigner le monde extérieur. Il suffit d’activer SelfControl pour toute une année… Le PC restant totalement fonctionnel.
Pour transformer l’iPad en machine sans distraction, après avoir installé l’éditeur de texte dont vous avez besoin pour écrire — si Notes, qui est déjà installée, ne vous suffit pas — il suffit d’activer les Restrictions et d’interdire l’accès à Safari, au Store (pour ne plus pouvoir installer de nouvelles apps) et aux jeux. Ca se passe dans les Réglages -> Général -> Restrictions :
OK, c’est pas compliqué de désactiver ces Restrictions. Mais ça demande quelques manips. Et si c’est pas assez dissuasif — vraiment ? Vous êtes sûr que vous avez envie d’écrire ? — vous pouvez toujours demander à votre chéri(e) de choisir le code des restrictions et de ne pas vous le donner… Mais il vaut mieux avoir un couple à toute épreuve, si vous êtes incapable de résister à la tentation : pour obtenir ledit code, vous risqueriez rapidement de pourrir la vie de vote chéri(e).

Bref. Comme je le disais plus haut, je ne vois pas pourquoi je devrais m’encombrer — parce qu’elle est encombrante cette petite machine — d’une nouvelle machine pour faire ce que je peux déjà faire avec les machines que je possède. D’autant que, en déplacement, j’imagine mal n’emporter que la Freewrite : si j’aime écrire, je veux aussi pouvoir accéder au mail, à Twitter, à ma musique, etc. Donc, il faudrait aussi emporter le Mac ou l’iPad.
PS: les plus observateurs ne manqueront pas de me faire remarquer que cela ne règle pas le plus gros problème, la véritable source de toutes les distractions, celle que tout le monde ou presque a sur lui. Laquelle ? l’iPhone, bien entendu. Hélas, pour celle-là, je ne peux rien pour vous… ni pour moi 😉
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