Placez votre chambre noire en face du modèle que vous voulez reproduire ; ayez soin que le soleil ne vienne pas frapper directement sur l’objectif et faites en sorte, autant que possible, que le modèle soi éclairé obliquement, afin d’obtenir de plus grands effets de lumière et d’ombre.
Mettez au foyer sur le verre dépoli, en le faisant avancer ou reculer, jusqu’à ce que l’image se peigne bien nette et bien distincte au centre et aux extrémités Pour mieux apprécier cette image, servez-vous d’un voilé noir qui empêchera la lumière extérieure d’éclairer le verre dépoli.
Quand vous aurez mis l’image au foyer serrez la vis,afin que la chambre noire ne bouge plus; enlevez le verre dépoli, et mettez à sa place le châssis qui contient la glace sensible; nous avons pas besoin d’ajouter que la surface sensible doit être tournée du côté du modèle.
Si tout va bien, ouvrez alors le volet qui recouvre encore la plaque sensible. La lumière transmise par la lentille et réfléchie par les objets à reproduire viendra frapper, impressionner et décomposer la couche sensible. Dans la saison froide, et surtout quand les rayons du soleil viennent frapper directement sur la chambre noire, il sera bon de recouvrir ce le-ci avec un mouchoir blanc, pour l’empêcher de s’échauffer, ce qui produirait à l’intérieur un dégagement de vapeurs dont la condensation sur la lentille mettrait obstacle au passage des rayons lumineux.
Après avoir laissé agir la lumière pendant 5 à 10 minutes, ou pour mieux dire, pendant le temps qne vous jugerez suffisant, d’après l’intensité et la qualité de la lumière, la sensibilité de la glace, la longueur du foyer de l’objectif, la température et autres circonstances, fermez de nouveau le châssis, en abaissant le volet. Enlevez-le de la chambre noire et remettez à sa place le verre dépoli; portez le châssis dans le cabinet noir, où vous pourrez, à la lumière d’une bougie, découvrir la glace impressionnée, pour faire sortir l’image latente au moyen des liquides révélateurs.
(Sella & Valicourt, “Guide théorique et pratique du photographe, ou art de dessiner sur verre, papier, métal, etc., etc. au moyen de l’action de la lumière“. Encyclopédie Roret, Paris, 1857, pp 71-72.)
Rassurez-vous, je ne compte pas me (re)mettre à l’argentique, encore moins me lancer dans la pratique du daguerréotype ou autre vénérable technique des premiers temps de la photo — du moins, je ne le pense pas 😉
Par contre, j’avais besoin d’informations pour qu’un de mes personnages puisse, lui, s’y mettre de façon crédible : suer sur ce matériel d’un autre âge avant, avec un peubeaucoup de chance, s’émerveiller devant l’image obtenue.
Dans son genre, ce manuel est un régal à lire. Ça tombe bien, le texte intégral est disponible sur archive.org.
À ce propos, si ça vous intéresse vous pouvez aussi lire une très chouette mise en pratique contemporaine, sur galerie-photo.com : Technique du daguerréotype, avec Mark Kereun.
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