De tous ceux que vous commencez à lire — soit que les personnages vous semblent découpés dans du carton à pizza recyclé, que la voix du narrateur vous séduise autant que les chants de la Castafiore, que l’auteur vous endorme avec une écriture aussi plate que l’encéphalogramme d’un zombie ou, tout bêtement, que l’intrigue soit aussi passionnante que le 1860e tome des aventures de Bebert le termite qui voulait manger l’Empire State Building — combien de livres ne finissez-vous pas ?
En ce qui me concerne, d’un point de vue purement financier je dirai que ça m’arrive trop souvent. D’un point de vue financier, toujours, c’est du gaspillage puisque ça revient à acheter un pain que l’on regarderait moisir sur une étagère.
Mais le livre n’est pas un pain — ou alors, pour les meilleurs seulement, un pain dans la gueule — je dirai donc que ça m’arrive aussi souvent que mes moyens me permettent de prendre le risque d’acheter un livre sans savoir s’il va me plaire ou m’apporter quelque chose. Sans savoir si je vais le terminer ou pas.
C’est le prix de la découverte, c’est la seule façon de sortir de sa routine — un autre mot pour ornière, oeillères ou être mort.
Un moyen, pas une assurance. Pas mal de livres ne sont eux-mêmes qu’une autre ornière ou des oeillères, d’autres certitudes. Un échec. Je ne vois pas comment éviter ça. D’autant que ce n’est pas la seule façon d’être un échec : un livre peut échouer à tenir une belle promesse, mais une promesse qu’on apprécie, voire un échec qu’on apprécie et pour lequel on éprouve de l’empathie. Comme un athlète peut rater sa course ou son saut.
L’échec. Echouer, est presque devenu un crime majeur, impardonnable, dans un monde où la performance et la réussite font office de religion inavouée — the winner takes it all, disent les américains : le gagnant ramasse tout… avec son corollaire implicite : pour tous les autres, il ne reste rien. Et pas seulement en littérature.
Et pourtant. Il ne faut avoir jamais couru ou tenté un saut, ou tenté d’écrire quoi que ce soit, pour ignorer à quel point réussir un saut, une course, un texte implique d’en rater beaucoup d’autres avant — et après celui-là. À quel point cela implique de ne jamais être sûr de rien.
Encourager la prise de risque
La possibilité de feuilleter un livre, en librairie, pouvoir télécharger un extrait sur Amazon ou iBooks est une bonne façon d’encourager cette prise de risque… en offrant un filet au lecteur : ça n’engage à rien et ça ne coûte rien de lire quelques pages.
Mais je suis bien plus enthousiaste pour ce que propose un éditeur comme publie.net, avec sa formule d’abonnement annuel.
Je sais ce que me coûte l’abonnement (95€), je sais aussi que j’ai accès à tout leur catalogue, sans limites. Si l’envie m’en prenait, je pourrais même télécharger les plus de 400 titres en ePub/Mobi et même, pour les plus anciens, aussi en PDF.
Abonné, je peux me régaler des classiques, de textes étrangers proposés dans de nouvelles trads qui leur rendent justice.
Surtout, je peux prendre autant de risque que je veux… avec les auteurs et les textes contemporains. Là où ça compte — pas assez encore, me dirait @fbon, l’éditeur de publie.net : c’est vrai que je ne goûte pas à tant d’auteurs contemporains que ça.
Prendre des risques ça veut dire, parfois, refermer le livre avant la fin ou même à peine ouvert : l’auteur me perd, car trop cérébral pour moi ou trop “littéraire” — ou trop, ou pas assez d’un tas de choses que j’aime ou que je n’aime pas — sans que ça rende le livre mauvais pour autant. Tant pis, c’est pas grave.
En fait, je suis même content d’avoir essayé, car c’est chaque fois courir la chance d’être empoigné par un livre et alors là c’est le pied.
(edit) pour mémoire et pour être précis, l’abonnement publie.net c’est donc 95€/an pour l’accès complet en ligne plus téléchargements illimités de tout le catalogue. Les ebooks sont proposés en ePub (iPhone, iPad, Cybook, Nook, etc.), Mobi (Kindle) sans aucune DRM — et les livres téléchargés restent votre propriété à la fin de l’abonnement.
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