Des vampires sans la cape ou les quenottes (Dieu, que la Nature est hors de prix)

« Donner du sang jeune aurait-il un effet sur l’Homme? Je pense de plus en plus que cela se pourrait bien », dit le chercheur. « Et je n’y croyais pas, il y a seulement 3 ans ». Car du sang de jeunes souris vient d’inverser certains effets du vieillissement, sur l’apprentissage et la mémoire chez des souris plus âgées, grâce à une activation des connexions entre les cellules du cerveau. Ces conclusions présentées à la Réunion annuelle Neuroscience 2012 de la Society for Neuroscience, ouvre comme une nouvelle ère en médecine régénérative.
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En pratique, le Dr Villeda a connecté le système circulatoire d’une souris jeune avec une souris âgée afin que leur sang puisse se mélanger. Après quelques jours, le processus de vieillissement cérébral  avait ralenti.

ALZHEIMER: Du sang neuf pour doper la mémoire? – Neuroscience 2012

Woaw—c’est le cri du cœur de l’amateur de SF, pas d’un savant, pas d’un chercheur. J’imagine, dans un futur proche, ces corps raccordés l’un à l’autre de façon chirurgicale, des vampires high-tech, sans cape ni dents pointues, de façon à ce que le corps le plus jeune soit vampirisé par le plus âge qui refuse de vieillir. Il faut imaginer la scène : c’est le cœur du plus jeune qui envoie son sang directement dans les artères du plus vieux, siamois médical. Oui, je suis déjà loin de l’idée de l’article original, mais peu importe : ce truc, c’est de la SF qui ne demande qu’à être racontée.

Imaginer ces richissimes vieillards (et qui sont enragés d’être des vieillards, car c’est peut-être la dernière chose que l’argent ne puisse pas acheter : le temps qui passe, la jeunesse) qui traiteraient les jeunes comme du cheptel, donneur de sang frais (et probablement d’organes). Se demander comment cette jeunesse en serait venue à accepter ça, ou par quels stratagèmes elle y aurait été réduite, et comment ça se passerait (comment le reste de la société vivrait avec une telle pratique ?), et pourquoi, un jour cette jeunesse pourrait ne plus l’accepter.

Dans cette société, les vieux choisiraient leur jeune “du jour”, comme d’autres choisissent leur cravates ou des chaussures assorties à un tailleur. Dans cette société, on pourrait bien se dire qu’une des formes ultimes de perversité serait d’avoir des relations sexuelle avec “son” jeune, d’éprouver des sentiments ? Là, l’histoire prend corps (sans mauvais jeu de mots) : il y a ce vieux qui se surprend à éprouver des sentiments pour son jeune (fille ou garçon ?), au point qu’il décide de ne pas l’épuiser à mort comme les autres, peut-être même de le faire bénéficier du même traitement pour le retaper. Remettant tout en question (voire même acceptant de mourir, pour que lui puisse vivre ? Et lui léguer sa fortune, car il faut être très riche pour s’offrir ce bétail humain, et ce vieillard là est justement le plus riche de tous, ayant inventé cette technique). Etc.

Bref, ça me démange de lire l’article entier pour chatouiller un peu plus cette idée. Malheureusement, l’article dont il est question a été publié dans Nature : The ageing systemic milieu negatively regulates neurogenesis and cognitive function, et seul un extrait est accessible, sans payer. Cher :

nature

Ce n’est pas la première fois que je me fais claquer ainsi la porte au nez par Nature, qui semble vivre dans un univers parallèle au mien où payer 30€ pour lire un article, ou 209€ pour un abonnement au magazine, n’est pas un problème. C’est d’autant plus agaçant que je ne cherche qu’à me frotter à cet article que je n’espère pas comprendre, faut pas rêver, pour en savoir un peu plus sur la procédure et les techniques utilisées, histoire de voir comment je pourrais appliquer ça à mes pauvres humains du futur et prétendre savoir de quoi je parle.

Ca ne marche pas à tous les coups, mais ça vaut la peine de faire une recherche sur le titre de l’article ou sur les différentes références qui y sont associées, cela permet parfois de tomber sur une version préliminaire ou encore sur un PDF.

Bref, je vous laisse, j’ai un papier à lire, avant d’enfiler mon costume de vieillard  frétillant d’un amour impossible avec la mort, puis d’essayer mon costume de jeune naïf/ve qui a vendu son âmesang au diable.

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