Oublier est une vitalité

Ce vent de l’oubli qui crée des souvenirs, ah ce vent, j’en écoute le souffle, mon coeur frissonne à la pensée des choses que j’ai vécues…

Il ne m’arrive jamais de m’affliger ainsi, car je sais que si je me laisse aller à la tristesse le passé m’attirera vers lui. Cette idée de vent m’appartient à moi, pas à elle. Avant que nous en parlions, Ferah pensait qu’oublier avait un lien avec la mort ; de toute façon, la mort, c’est son mot magique. Elle parle de la mort comme elle rafraîchirait son maquillage. C’est ainsi qu’elle s’embellit, à son propos doit s’incruster la méconnaissance de la mort… C’est moi qui lui avait dit qu’oublier était une vitalité qui nous est soufflée par le vent. Elle a adopté cette idée ; dans peu de temps elle oubliera, elle finira par croire que c’était sa propre idée.

(Latife Tekin, “Le jardin de l’oubli”, in MEYDAN | LA PLACE Anthologie d’auteurs contemporains turcs)

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