En fait, des plumes j’en ai plusieurs que je collectionne depuis pas mal d’années: des styloplumes.
J’en ai parlé une ou deux fois et ça semble avoir suscité quelques interrogations puisque plusieurs d’entre vous m’ont demandé quel stylo acheter pour “démarrer” — généralement, en me parlant de tel ou tel modèle coûteux d’une marque prestigieuse avec un bidule blanc sur le sommet du capuchon, ou avec un bec de pelikan (oups) en guise de clip, ou avec l’avant-avant-avant dernière lettre de l’alphabet imprimée sur le sommet du capuchon. Voire d’autres encore, plus coûteux.
Ma réponse à cette question est : aucun de ceux-là, sauf si vous avez trop d’argent.
Ce sont pour la plupart d’excellents stylos, mais vous n’avez pas besoin de claquer un SMIC, ou la moitié d’un, pour vous offrir un bon stylo pour commencer — ou même pour continuer — d’écrire à la plume. On a un peu trop tendance à l’oublier, depuis que le stylo est devenu un objet de banquier et de chef d’État et à s’imaginer que s’il ne coûte pas la peau du cul, c’est que c’est une merde.
Faux. Un de mes meilleurs stylos coûte dans les 20 €. C’est un Lamy Safari :
Photo officielle du Lamy Safari dans toute sa splendeur — car, dans son genre, il est beau. Même si je ne l’ai pas compris au premier coup d’oeil. Il est même très beau. Photo non officielle :
Le plus amusant, c’est qu’à la base c’est un stylo pour les écoliers (du moins, c’est que j’en sais) : un corps en plastique avec une plume en acier. Simple et solide. Mais avec une qualité de fabrication toute germanique, qui le rend exceptionnel.
Sa plume n’a pas la douceur d’une plume en or ou dans un autre alliage précieux, mais même en acier, même rigide, elle se révèle soyeuse et glisse parfaitement sur le papier. C’est un régal à utiliser.
En plus de ça, il est bien plus résistant que n’importe quel stylo plus cher (forcément : c’est un stylo pour les enfants) et offre une tenue exemplaire : le corps est long et assez large, il tient bien en main. Il a été pensé pour ça, pas pour être tape-à-l’oeil. Notez aussi la forme spécifique pour le placement correct des doigts (je le répète, il a été conçu pour des enfants, donc aussi pour les aider à bien tenir le stylo en main).
Sa plume fine a un joli trait, limite un peu trop épais mais agréable même si vous écrivez des pattes de mouche. À cause de mes pattes de mouche, justement, je suis généralement plus porté sur les plumes EF, mais je la trouve trop rigide sur le Safari, contrairement à la Fine. De toute façon, essayez-le en boutique avant d’acheter, c’est vital : le feeling, le plaisir de le tenir en main est essentiel, car c’est avec lui que vous allez écrire, peut-être des heures durant. Il faut que le toucher vous plaise, que le bruit de la plume sur le papier vous plaise, que la largeur du trait vous plaise. Que l’objet vous plaise. C’est très intime.
Il fonctionne avec des cartouches Lamy (uniquement) ou un convertisseur (qui permet d’utiliser de l’encre en bouteille, cela revient vite moins cher que les cartouches). Demandez le convertisseur s’il n’est pas offert avec le stylo (5 ou 6€ max).
Bien entendu, il y a d’autres stylos à ce prix, ou moins chers. Mais ils ne rivalisent pas avec le Lamy Safari, tout simplement. Même certains modèles plus chers ne s’y comparent pas. Une telle qualité à ce prix, c’est unique.
Ah oui, à ma connaissance, c’est aussi le seul stylo de sa catégorie à permettre de démonter la plume et donc à faciliter son entretien et/ou sa réparation, en cas de besoin (enfants, toujours). Bien qu’il soit tout en plastique (et que je n’ai jamais du changer de plume), ce n’est donc pas un produit jetable.
En plus de ça, il existe dans un paquet de teintes sympas 🙂
Bref, vous l’aurez compris : je suis fan. C’est un excellent stylo à emporter partout avec soi, sans peur de l’abimer ou de se le faire voler. C’est un stylo qui devrait vous faire comprendre pourquoi des geeks de mon genre, entourés de tous les outils high-tech dont on peut rêver, continuent à utiliser un outil aussi ancien pour écrire.
Le papier
Bien entendu, avec une plume il faut du bon papier. Sinon, l’encre bavera.
Je vais me faire des milliers d’ennemis en un instant, tant pis — cela écarte d’office les Moleskine, dont le papier est médiocre. Désolé, j’en ai testé assez pour ne pas hésiter.
À la place, je vous conseille des carnets ou blocs-notes Clairefontaine ou Rhodia : ils ne sont pas chers du tout et offrent tous un excellent papier.
Ou alors, j’en reparlerai à l’occasion, vous pouvez utiliser les cahiers Atoma (un produit belge ;)) avec leur système modulaire très pratique, qu’on utilisait à l’école… de mon temps (ces derniers mots dits avec une voix de vieux grincheux) :
Vous connaissez peu-être la version US des produits Atoma : Circa.
Vous préféreriez un stylo bille ?
Je vous renvoie à mon billet sur le Fisher Bullet Space Pen, qui ne quitte jamais la poche de mon jeans, et qui, sous son nom co(s)mique, cache tout simplement un des meilleurs stylos bille (et le meilleur système de recharges).
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