Revenons un instant sur cette lettre de Steve Jobs à Adobe, dont je vous parlai hier :
Flash was created during the PC era – for PCs and mice. Flash is a successful business for Adobe, and we can understand why they want to push it beyond PCs. But the mobile era is about low power devices, touch interfaces and open web standards – all areas where Flash falls short.
A mon avis, la phrase véritablement la plus importante de cette lettre semble être passée inaperçue sur les blogs qui l’ont pourtant relayée avec enthousiasme :
Flash was created during the PC era (…) but the mobile era…
En Français :
Flash a été conçu à l’ère des PC (…) mais l’ère mobile…
L’idée implicite derrière cette impitoyable petite phrase étant que cette “ère des PC” est terminée : nous sommes entrés dans l’ère mobile. Or, les Mac sont des PC.
C’est une question qui me chatouille depuis un moment (2005), et qui mérite plus que jamais qu’on prenne le temps d’y réfléchir.
Steve Jobs, n’a jamais montré une nostalgie débordante pour l’informatique d’hier, même celle de Apple. On sait aussi qu’il ne recule pas devant des décisions radicales, comme d’abandonner la disquette 12 ans avant tout le monde, ou refuser le Blu-Ray sur les Mac, etc.
Alors, pourquoi Apple continuerait-elle à fabriquer des ordinateurs “classiques” ?
Parce qu’elle l’a toujours fait ? Non. Il y a quelques exemples de produits “Apple” qui ont vécu et qui ont disparu. Le Mac lui-même est né en 1984, Apple existait depuis quelques années.
Parce que c’est rentable ? Oui, bien sûr les Mac sont rentables. Ils ne l’ont même jamais été autant. Mais l’iPhone et l’iPad le sont déjà plus, alors qu’ils viennent à peine d’apparaître sur le marché. En fait, avec le AppStore, ils ont créé un nouveau marché sur lequel Apple serait tout simplement folle de ne pas s’investir à fond.
Et ne parlons même pas de iAd, qui risque bien de tout chambouler lui aussi. Tant dans la façon dont on consommera (et percevra) la publicité (et dont on consommera les applications), que dans la façon dont elle permettra à Apple de faire du profit. J’y reviendrai dans un prochain billet : c’est un sujet que je trouve passionnant.
Posons la question autrement : y-a-t’il une seule raison qui pourrait obliger Apple à continuer à fabriquer et vendre des Mac ? En dehors du plaisir d’avoir un ordinateur bien fait sous la main, je vois deux raisons très concrètes :
L’iPad ne peut pas encore remplacer un ordinateur pour faire ce que l’on fait sur un ordinateur : de la retouche, de la vidéo, etc. Même pour de l’écriture un peu sérieuse, il ne peut pas encore rivaliser. On parie sur le temps que ça va lui prendre pour changer ça ?
On a besoin d’un Mac pour développer des applications pour iPhone et iPad. C’est vrai, aujourd’hui. Mais demain ? Ne serait-ce pas plus intéressant pour Apple de “libérer” les outils de développement de la plateforme Mac, voire de “libérer” OS X, et de se concentrer sur ce nouveau marché incroyablement prometteur et qui est déjà plus rentable que le bon vieil ordinateur de papa ?
C’est une question.

Depuis plusieurs mois, je garde sous le coude un article que je n’arrive pas à publier. Parce qu’il ne sonne pas juste. Je m’y étonne de la médiocrité des efforts de Apple en ce qui concerne le “cloud computing”, je m’y désole de la médiocrité de iDisk, de la rigidité de MobileMe et de son manque de vue d’ensemble par rapport à nos données. Enfin, ce genre de choses.
Mais plus je lis la lettre de Jobs, plus j’ai le sentiment que si Apple ne fait pas vraiment d’effort sur MobileMe c’est, peut-être, qu’elle a quelque chose de plus sexy en vue… Ce dont je suis persuadé, de toute façon, c’est que l’iPad ne donnera sa pleine mesure que si le stockage et l’accès aux données n’est plus plus un problème. Ainsi que leur sauvegarde… en ligne.
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