se rassit et elle reprit son ouvrage, qui était un bas de coton blanc où elle faisait des reprises.
Que penserions-nous, aujourd’hui, d’une jeune femme qui repriserait des bas quand elle reçoit la visite de son prétendant ? Elle semblerait bien pitoyable, cette pauvre fille. Elle ferait mieux de lui servir un Coca, ou une bière, avant de se vautrer dans le canapé avec lui, devant la télévision.
D’ailleurs, est-ce qu’on reprise encore quoi que ce soit aujourd’hui? Tout n’est-il pas jetable ? Trois paires de bas pour le prix d’une!
Je relis Flaubert (la nuit, parce que plus tôt, ben, je travaille. Pas de chance); là, je relis Mme Bovary, mais en réalité c’est comme si je le lisais pour la première fois tant j’étais passé à côté quand on me l’avait donné à lire à l’école. Flaubert, c’est Dostoyevski avec l’esprit français qui aurait pris la place de l’âme russe. Une folie et une douleur cartésienne. Enfin, si je peux dire.
A peine plus loin que l’extrait que je cite — et qui est bien plus intéressant que mon clin d’oeil un peu crétin vers la société de consommation. D’ailleurs, je suis certain que Emma aurait adoré la TV, surtout les soap et les émissions où “toi aussi deviens une star” — , il y a son mariage avec Charles Bovary, la noce, les mentons rasés de frais, le violoniste et le repas, et le lendemain de la nuit de noce. C’est magnifique. Sans rire, ça se lit comme on écoute de la vraie musique, ou comme on regarde un film de Kusturica. C’est vivant, mais une vie bien mieux qu’en réalité.
Mais c’est aussi trop long, et je suis trop fatigué, pour le recopier. Lisez le chapitre IV de la première partie 😉