Bon j’ai pas la TV, mais j’ai quand même entendu parler d’une (petite?) polémique à la télé flamande belge: une émission culinaire dont le chef se fait une spécialité de préparer des plats qu’aimaient des gens “connus” (je trouverais plus intéressant de parler de plats agréables à manger, mais c’est sans doute ce genre de stupidité clinquante d’approche novatrice qui fait venir les foules avides d’êtres gavées et les annonceurs avides de les gaver). On y parle donc popotte dans cette émission, mais popotte avec des paillettes.
La prochaine émission devait parler de la truite au beurre. Deux aliments qui ne vous font pas sursauter d’horreur, moi non plus (bien que, le beurre…). Erreur ! Car c’était le plat préféré de Hitler (après on dira encore qu’on apprend rien à la TV). Parler du plat préféré du salaud moustachu cela a énervé pas mal de monde. C’est vrai que dans le genre “paillettes”… on peut s’étonner d’un tel choix.
Du coup, l’émission prévue est remplacée par “le plat préféré de Maria Callas” (ne me demandez surtout pas lequel c’était). Tout le monde sera d’accord, c’est un meilleur choix: elle avait moins de moustache.

Pas la peine de s’attarder sur la légitimité d’une colère qui s’en prend à une truite tartinée de beurre. Ce qui est visé à travers ce symbole glissant, c’est la possibilité de parler comme si de rien n’était des GSH (Gros Salauds de l’Histoire). Or, je n’attend aucune réponse intéressante à cette question ni de la part d’une foule en colère, ni de la part de producteurs TV. Mais, ce dont je suis persuadé c’est que ce programme télé ne récolte que ce qu’il a semé. Si son approche était moins racoleuse, les réactions le seraient aussi.
Changez de chef cuistot, changez de directeur des programmes, changez de boîte de production. Changez tout ce qu’il faut pour transformer cette satanée TV en autre chose qu’une boîte à débiliter tapissée de publicités aux couleurs aussi vives que fausses.
Et si moi j’étais un téléspectateur, au lieu de maudire cette pauvre truite, je n’aurais besoin que d’un doigt pour combattre ce trou noir mangeur d’espoir, ce banalisateur de l’horreur qu’est la TV. Un seul doigt, celui avec lequel je changerais de chaîne ou avec lequel — folie! — j’éteindrais cette merde.
Throw away your television
time to make this clean decision
(comme dit le poète)
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