Merci à la personne qui m’a demandé de lui donner le numéro de série d’un des logiciels que j’utilise — “parce que c’est trop cher !” — merci de croire que je suis ce gars cool qui a envie de faire plaisir à tout le monde — hélas, je ne suis pas ce gars là. Je ne suis pas sympa.
Je reçois de temps en temps des demandes de ce genre, cette fois j’ai envie d’en parler avec vous. Parce que je me pose une question très conne (je sais, vous avez l’habitude).
Pour la quatrième ou cinquième fois cette année, on m’a donc demandé de “donner” un numéro de série d’un logiciel. Comme ça, un gars que je ne connais pas, un petit “bonjour David” et un “merci !” (comme si la cause était déjà entendue ! Ben tiens…). Partez-pas, je vais zapper le laïus moralisateur : “voler c’est pas bien”, “il existe des solutions moins chères ou gratuites” et le sublime : “la photo est une activité qui coûte cher”. Mêmes si ces trois choses sont vraies, j’imagine que le pirate amateur (et pas doué, en plus : pour en être réduit à me demander un coup de main, malgré tout ce qu’on trouve sur Internet ?!?) n’en a absolument rien à fiche.
Ce que le pirate du dimanche veut c’est [tel logiciel] sans le payer et, si possible, sans se fatiguer.
Soit, mais pourquoi ? La question m’a sauté à la figure en lisant son courrier. A quoi ça va lui servir ? Je lui ai donc demandé : pourquoi as-tu besoin de [tel logiciel] ? Après tout, puisque je suis censé lui faire plaisir en lui rendant ce “petit service”, il peut bien me faire plaisir en répondant à ma bête question.
Je veux un verre d’eau, parce que j’ai soif. J’écoute Janis Joplin parce que j’ai un coup de blues. Je porte des lunettes parce que je vois rien sans elles (même avec elles, pour l’instant je vois rien…). J’ai besoin de Photoshop (exemple choisi au hasard, bien entendu) parce que je dois modifier la courbe sur une photo et que je préfère travailler sur des calques de réglages et des masques. Etc.
Mais ce nouvel ami, qui comptait tant sur moi, ne m’a pas répondu. Peut-être est-ce parce qu’il n’en avait pas vraiment besoin, et qu’il n’avait rien à répondre ? Au fond, j’en suis persuadé: c’était un caprice. L’envie d’avoir un nouveau jouet, d’avoir le dernier soft à la mode… Parce qu’il faut l’avoir pour être dans le coup? Un peu comme on “doit” changer son reflex “Canikon 411w” pour le “Canikon 411x” qui vient de sortir: 9 fois sur 10 sans la moindre raison valable — excepté le matraquage publicitaire, notre propre mollesse et notre prétention ?
C’est peut-être une piste à creuser pour renouveller le modèle des licences ? Gratuit pour un usage “stupide/capricieux” (fashion victim, gamin qui veux se donner des airs de…, etc.), payant pour un usage “raisonné” (quand on sait ce qu’on veut, on peut reconnaître la valeur des outils qui nous permettent d’y parvenir ?) ?
😎
Les fabricants de hardware ont bien de la chance en comparaison avec les créateurs de softs : on peut copier un logiciel, on ne peut pas copier un ordinateur ou un appareil photo… Si c’était faisable, je me demande combien parmi nous payeraient encore pour le matos qu’il utilisent?
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