The Hollow Men

We are the hollow men
We are the stuffed men
Leaning together
Headpiece filled with straw. Alas!
Our dried voices, when
We whisper together
Are quiet and meaningless
As wind in dry grass
Or rats’ feet over broken glass
In our dry cellar

Shape without form, shade without colour,
Paralysed force, gesture without motion;

Those who have crossed
With direct eyes, to death’s other Kingdom
Remember us — if at all — not as lost
Violent souls, but only
As the hollow men
The stuffed men.
(T.S. Eliot, The Hollow Men)

C’est pas facile d’expliquer pourquoi on aime un poème. C’est un peu comme vouloir dire pourquoi tel tableau est beau, ou tel rythme est bon. On peut y réfléchir, se demander pourquoi on aime ça, c’est même une très bonne idée, mais c’est une démarche personnelle : pas vraiment partageable, telle quelle.

Parler d’un poème, on peut le faire pour rigoler, entre potes. On peut probablement en parler entre poètes — comme des techniciens qui jaugent un travail en connaisseurs. On peut sans doute aussi en parler sérieusement, à la façon des profs — le genre de propos qui ne peut vivoter qu’abrité derrière les quatre murs épais d’une salle de classe, devant un public docile.

Je ne sais pas parler de poème, pas plus que de musique. Je ne sais pas en écrire, non plus. Je peux juste dire, “écoute ça !” ou “lis-donc !” et espérer que la rencontre ai lieu.

Il y a un autre écueil à éviter quand on lit un poème comme celui-ci : se placer tout à côté de l’auteur, légèrement en retrait peut-être et, penchant la tête par-dessus son épaule, souriant d’un air entendu, doucement hocher la tête en lisant ce qu’il écrit à propos des autres.

Paris le 9 septembre 2006 : photographes photographiés. Père Lachaise

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