Non non, il ne s’agit pas de déplorer l’apparent triomphe des intégrismes le plus imbéciles, du désir de lynchage qu’expriment si facilement des tas de personnes pressées de condamner, dans certains coins du Moyen-Orient ou ailleurs, dans le bureau ovale de la Maison Blanche. Il s’agit de quelque chose de bien plus grave : les ventes de CD, DVD et livres déclinent.
Je cite Le Monde :
L’industrie culturelle vient de connaître une année noire. Cette évolution est inquiétante. Car la consommation de tous les produits culturels est à la baisse. En France, la fréquentation des salles de cinéma a chuté de 8,8 %. Notre pays n’est pas le seul à être touché : – 11 % pour les 25 membres de l’Union européenne, – 18,8 % en Allemagne, – 12,5 % en Espagne, – 5 % aux Etats-Unis. Et cet effondrement n’est pas contrebalancé par la vente des DVD, dont le marché baisse de près de 9 %. La musique n’est pas mieux lotie. Le chiffre d’affaires des CD a chuté de 9 % en 2005 et de 30 % en trois ans. Quant au livre, après des années d’augmentation régulière, les ventes régressent de 1,1 %.
Je ne sais pas trop après lecture du court article. Personnellement, ce qui me retient d’acheter c’est la (non)qualité de ce qui est proposé. Pas vous ? Ou pour le dire plus poliment, la non adéquation entre mon attente et les produits effectivement mis en vente.
Le marché de la culture va mal. Je propose donc deux solutions radicales (et géniales, si si):
- Obliger les citoyens à ne plus travailler mais à lire, à fréquenter les salles de ciné ou les salles de concert. A discuter de leurs expériences plutôt qu’à se vautrer devant la télé pour se faire enc…hum… assommer à coup de publicités.
- Légaliser la copie pirate! Mais oui, c’est la solution pour redonner goût à la culture et à sa consommation. Laisser les jeunes (et les autres) copier ce qui leur plaît, échanger leurs coups de coeur et leurs enthousiasmes. Librement. L’échange crée un entrainement et un élan vers le haut, vers des oeuvres riches. Il y aura alors peut-être plus de consommateurs pour donner sa chance au vieil Ozu plutôt que pour aller se pâmer devant “les bronzés 3” ? Pour écouter autre chose que Miss Machin, qui chante mieux que Miss Machin-1 la starlette du mois dernier ?
Ce regain d’intérêt pour des créations de qualités, le fait de goûter à autre chose leur fera réaliser que la culture ce n’est pas que cette pâte indigeste produite à la chaîne dont on veut les gaver contre paiement. Ce sont des oeuvres, c’est du talent, des artistes, de l’esprit, un dialogue, du plaisir. Ils payeront pour un produit qui a de la valeur, comme on paye pour un bon vin.
Et même si le vin n’est pas si bon que ça, ils payeront pour avoir celui qui leur plaît, tôt ou tard. Parce que même si ça va un moment de perdre son temps à chercher et graver la musique ou les films téléchargés. On est nombreux à avoir autre chose à faire et à préférer payer pour le recevoir tout prêt à savourer. Evidemment il faudrait, pour nous donner envie d’acheter encore, que les produits proposés correspondent à notre attente.
Bonne idée ça Ozu. Ce soir.
Bonne soirée, donc.
© je sais pas qui mais © à n’en pas douter. Extrait du film Le goût du saké, diponible dans le coffret paru chez Arte video — coffret que j’ai payé, suis-je bête !