Facturer le trafic montant de la bande passante ?

“Un amendement visant à taxer les débits sortants pourrait être proposé par les sénateurs dans le cadre de la loi sur l’économie numérique.”, selon vnunet.fr.

L’article complet est disponible ici.

C’est inquiétant.

Toujours en quête d’une solution miracle pour lutter contre les monstrueux pirates informatiques que nous sommes tous, nos députés seraient à deux doigts de proposer un amendement à la LEN visant à taxer l’upload de façon à, je cite l’article de vnunet, “limiter les échanges illégaux des fichiers soumis au droit d’auteur sur les réseaux peer-to-peer (P2P)”.

Ben ça ! Après la taxe sur les CD vierges, une autre sur la bande passante… C’est beau l’obstination.

On ne peut pas punir les ‘coupables’ alors on tape sur tout le monde ? En tout cas c’est comme ça que je le comprend !

Certains élus (les mêmes qui nous demandent de voter pour eux, remarquez) semblent penser que l’upload c’est forcément pour partager des fichiers piratés, que c’est du pain ôté de la bouche des multinat… des pauvres artistes et autres auteurs.

– Prend le violon et joue moi une valse ! Fais moi tourner la tête, chéri !

J’ulploade, donc je suis criminel ? Observons ma consommation d’upload quotidienne:

  • Quelques Mo d’emails par jour (c’est mon outil de travail principal, avec un traitement de texte)
  • Quelques Ko pour ce site,
  • Quelques Ko pour d’autres sites.
  • Des Mo (des centaines !) d’upload en P2P (ou en FTP)… mais de fichiers dont je suis l’auteur ou le propriétaire !
  • 0 (zéro) Mo de fichiers piratés.

C’est un crime ça ?

Je ne suis pas juriste, mais il me semble qu’il y a en France un principe qui dit qu’on est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire. Est-il légal de voter une loi qui se base sur la présomption de culpabilité ? Coupables, en plus, d’un délit que personne n’est parvenu à identifier avec certitude (des chiffres, des faits, quelqu’un ?).

* * *

Mais le fond du problème dépasse cette question de payer plus pour lutter contre le piratage.

La question c’est : assistons-nous à la transformation du réseau mondial d’échange d’informations (Internet) en un réseau commercial à sens unique ? Un Internet où nous ne serions plus que des consommateurs autorisés (mais sous contrôle) à recevoir des produits, contre paiement. Le rôle de producteur ou de créateur de contenu étant réservé à des multinat… auteurs professionnels.

Cet Internet ne serait alors qu’un espèce de super-télé, pour paraphraser l’excellente image de Bernard Benhamou (lire cet article passionnant : Réflexions sur l’architecture et les enjeux politiques de l’Internet, 1992). Nous en serions les spectateurs et n’aurions plus comme pouvoir que de choisir entre les programmes.

Bof bof 🙁

* * *

Pour se donner le droit de nous traiter de voleurs et de proposer des (projets de) lois surréalistes, ils emploient toujours la même mauvaise excuse ! C’est à croire qu’ils ne cherchent même plus à donner le change : c’est pour protéger les droit d’auteurs.

Le droit d’auteur n’est-il pas d’abord d’être diffusé ? On pourrait aussi s’interroger sur la part réelle de l’auteur dans ces/ses intérêts dont certains se sont auto-proclamés les défenseurs. N’est-ce pas le droit de copie qu’ils veulent protéger et se réserver, leur gagne pain ? Mais c’est une autre question.

Que penser d’une loi qui demanderait (poussons sa logique au bout) à chaque auteur de payer plus cher pour diffuser lui-même son propre contenu ? Faut-il comprendre que, pour nos élus, l’art se réduit à ce qui est marketé et diffusé par les multinati… professionnels. Les auteurs doivent-ils passer par ces professionnels pour prétendre être publiés ?

Au final, seuls les artistes signés par les grosses boîtes profiteront un peu d’une telle loi, eux seuls. Ni les autres artistes, ni les auteurs indépendants, ni les créateurs amateurs, ni personne d’autres n’en tirera rien.

Nous allons tous payer pour quelques rigolos qui trafiquent des MP3. Au fond, ca va être sacrément enrichissant pour l’industrie du disque (et du cinéma, et qui encore ?) ce piratage numérique.

Assistons-nous à la mort de l’Internet, ou juste à sa castratio…professionnalisation ?

Il y a une différence ?

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